DVD A LA LOUPE

Résumé : 11 septembre 2001. Will Jimeno rejoint le sergent McLoughlin et ses collègues du Port Authority Police Departement de New York, pour ce qui devait être une banale journée de travail. La chute d'un avion sur l'une des tours du World Trade Center, hypothèse jamais envisagée dans aucun plan de secours, les amène à improviser l'aide à apporter aux occupants pris au piège.

Avis : Sorti à la même époque que "Vol 93" de Paul Greengrass, le "World Trade Center" d'Oliver Stone se veut, lui aussi, plus un hommage à ceux qui ont laissé leur vie ou ont souffert lors des attentats du 11 septembre 2001, qu'un film historique sur la genèse et le déroulement de cette journée qui a marqué le monde. Ainsi, le réalisateur ne montre rien des impacts des avions sur les tours jumelles, n'évoque même pas le contexte terroriste et les réactions des politiques, mais se cantonne à raconter les moments terribles vécus par des anonymes que le hasard a plongés dans l'horreur, alors que régnaient la confusion et les fausses informations. Essentiellement intimiste, le film n'a connu qu'un succès d'estime, Oliver Stone ayant voulu, par respect pour les victimes bannir tout spectaculaire racoleur, au bénéfice d'une émotion crédible et sincère.

Quand John McLoughlin (Nicolas Cage) et ses hommes arrivent au pied de la tour nord en feu, des rumeurs non confirmées évoquent l'impact d'un deuxième avion sur la tour sud, mais cela ne les empêche pas de se préparer à intervenir, surtout lorsqu'ils voient des gens pris au piège qui se jettent dans le vide pour échapper aux flammes. Mais alors qu'il sont dans le hall principal d'accès entre les deux tours, un grondement terrible se fait entendre, et toute l'équipe se retrouve prisonnière sous des tonnes de gravas. Les quelques survivants essayent de s'aider mutuellement lorsqu'un deuxième grondement annonce un autre effondrement, ne laissant plus que McLoughlin et Will Jimeno (Michael Peña) en vie, immobilisés à quelques mètres l'un de l'autre dans le noir et la poussière. Leurs épouses respectives, Donna McLoughlin (Maria Bello), et Allison Jimeno (Maggie Gyllenhaal), qui attend un bébé, suivent les évènements à la télé, comme toute l'Amérique et le reste du monde, ignorant tout du sort de leur maris. Ne recevant aucune nouvelle de leur part, l'angoisse, puis le désespoir, vont monter petit à petit. Sur place, des volontaires fouillent les décombres pour essayer de retrouver des survivants, malgré tous les risques qu'ils encourrent eux-mêmes. Parmi eux, l'ex marine Dave Karnes (Michael Shannon) et le sergent Thomas (William Mapother) travaillent sans relâche sur les amas de ferrailles…

Oliver Stone montre en parallèle deux histoires, très contrastées dans leur forme, mais porteuses toute deux d'une lutte contre le désespoir qui gagne. Il y a d'abord les deux policiers ensevelis sous les décombres, blessés et respirant difficilement un air saturé de poussières, qui se soutiennent l'un l'autre et cherchent à se persuader qu'on va bientôt les sortir de là. Mais les heures qui passent sont longues, et les plus claustrophobes des spectateurs auront un peu de mal à les accompagner dans leur calvaire. La scène de "l'apparition" de Jésus avec une bouteille d'eau a été fort critiquée, mais on imagine pourtant facilement les pensées de gens, croyants ou non, qui, se trouvant dans une telle situation, appelleraient de leurs vœux un miracle pour les sauver. Et puis, il y a un autre calvaire, celui des familles, avec l'angoisse d'une attente interminable où l'on imagine le pire sans vouloir perdre tout espoir. Quelques scènes choc, comme celle où Allison qui va vomir dans les toilettes lorsqu'elle apprend qu'on a vu entrer son mari dans une des tours, sont porteuses de beaucoup d'émotion, mais le réalisateur évite le pathétique larmoyant, alors que l'on sait que l'histoire racontée par la scénariste Andrea Berloff colle à des faits réels, de nombreux acteurs du drame apparaissant d'ailleurs dans des rôles secondaires du film.

L'interprétation sans faille des acteurs principaux, la qualité de la réalisation, dont la sobriété n'exclue pas des décors particulièrement soignés et des effets spéciaux convaincants, et l'absence de tout patriotisme exagéré et même de discours politique, donnent énormément d'impact à ce film auquel on s'accroche du début à la fin malgré un rythme volontairement lent, destiné à faire prendre conscience de l'espoir qui s'amenuise au fur et à mesure que le temps passe. "World Trade Center" n'est pas vraiment un divertissement trépidant, mais il fait prendre conscience à chacun des nombreux drames individuels qui se jouaient derrière les images spectaculaires passées en boucle sur toutes les télés du monde en ce 11 septembre 2001.

 
World Trade Center - Edition simple