DVD A LA LOUPE

Résumé : 1836 : Le Texas, alors province du Mexique, se rebelle et proclame son indépendance. Pendant treize jours, 185 braves, menés entre autres par le légendaire Davy Crockett, enrayent la progression de l'armée mexicaine, forte de 7000 hommes, depuis une mission en ruines baptisée Alamo. Ils savent que l'assaut final tournera au massacre. Mais ils sont prêts à écrire de leur sang l'une des pages les plus héroïques de l'histoire de leur pays...

Avis : Producteur de cette reconstitution d'un des épisodes les plus dramatiques de la construction des Etats-Unis, John Wayne en est aussi le réalisateur et un des acteurs principaux. Oeuvre à grand spectacle rassemblant des milliers de figurants, et servie par une musique inoubliable, "Alamo", même s'il paraît aujourd'hui un peu daté, garde le parfum des grandes épopées historiques où dominent courage et grands sentiments.

Le film est composé de deux parties, une longue exposition de la situation et des caractères, et le morceau de bravoure constitué par l'attaque du fort par l'armée mexicaine commandée par le général Santa Anna alors que l'on jouait le Deguelo, la marche militaire qui signifiait qu'il n'y aurait pas de quartier. La première partie est un peu longue, et ceci bien que la version présentée ici soit celle qui est sortie sur les écrans, raccourcie de 35 minutes par rapport au montage initial qui avait été repris en 1992 en laser disc et VHS. Elle permet de découvrir les hommes qui allaient donner leur vie pour un idéal qui n'était pas toujours le leur, plus par fidélité à leur chef (les hommes de Jim Bowie et ceux de Davy Crockett) que par amour de la patrie. Les seuls qui avaient une vraie raison d'être là étaient le Colonel Travis et ses soldats, dépêchés par le général texan Houston pour défendre la mission et faire ainsi barrage aux troupes mexicaines pour se donner le temps de se constituer une armée. La plupart de ces hommes étaient des bons-vivants, buveurs et coureurs de jupons, et les discussions furent animées pour savoir s'ils devaient ou non rester, sachant que l'issue des combats ne faisait guère de doute. Cette première partie ne manque pas d'humour, et les nombreux dialogues permettent de mettre le casting à l'honneur. John Wayne est le légendaire Davy Crockett, et Richard Widmark interprète Jim Bowie, ces deux grandes figures du Far-West s'affrontant tout en s'estimant, alors que les rapports entre Bowie et le Colonel Travis (Laurence Harvey) sont plus difficiles. Linda Cristal apporte une touche glamour dans le rôle de la belle Flaca, alors que Ruben Padilla et Richard Boone jouent les deux généraux ennemis, le mexicain Santa Anna et le texan Houston. Les seconds rôles sont nombreux, la durée du film permettant de les mettre en lumière autour des personnages principaux. La deuxième partie est plus enlevée et la résistance acharnée des défenseurs du fort contre les vagues d'assaut mexicaines constitue le clou du spectacle, avec de l'action soutenue et des moments poignants, comme le final où Mme Dickinson (Joan O'Brien), sa fille et un petit garçon noir, seuls survivants du massacre, passent devant les troupes mexicaines rassemblées au garde-à-vous. John Wayne, agissant pour la première fois comme réalisateur montre ici un don certain pour la mise en scène, avec des plans très travaillés, et un arrangement des scènes de bataille utilisant au mieux des décors reconstitués à coups de millions de dollars. La vérité historique n'est pas toujours scrupuleusement respectée (encore qu'elle ne soit pas parfaitement connue), mais le scénario rend incontestablement hommage à tous ceux qui ont donné leur vie lors de ces combats inégaux tant les forces étaient disproportionnées. Le film évite le manichéisme (les texans ne sont pas des anges, Santa Anna n'est pas un monstre et agit avec un certain sens de l'honneur), et il évite surtout un patriotisme exubérant que l'on reproche à tant de films d'Hollywood plus contemporains.

"Alamo" a été tourné à l'époque des grands péplums que sont "Ben Hur" ou "Cléopâtre", et il en a presque toutes les caractéristiques, aussi bien dans la construction que dans le message porté, sauf qu'il se déroule dans le grand ouest américain du XIXème siècle au lieu de l'antiquité méditerranéenne. Il reste lui aussi témoin de cette époque où furent produits nombre de très longs métrages à gros budget et grand spectacle qui ont marqué définitivement l'histoire du cinéma.

 
Alamo - Edition 2000