DVD A LA LOUPE

Résumé : Sur une Terre ravagée par la folie des hommes durant les sept jours de feu, une poignée d'humains a survécu. Menacée par une forêt toxique qui ne cesse de prendre de l'ampleur, cette poignée de survivants attend le salut de la princesse Nausicaä, capable de communiquer avec tous les êtres vivants…

Avis : C'est en 1984 que Hayao Miyazaki décide de porter au cinéma "Nausicaä de la vallée du vent", le manga qu'il avait dessiné deux ans plus tôt et qui connaissait un grand succès. Sorti initialement au Japon, (et peu après aux Etats-Unis en version honteusement charcutée), ce dessin animé fit largement recette dans son pays et permit la création des studios Ghibli, mais surtout il lançait une série d'œuvres fantastico-poétiques qui allaient petit à petit faire le tour du monde et devenir des grands classiques de l'animation. Après le succès mondial de "Princesse Mononoké", les œuvres plus anciennes de Miyazaki furent redécouvertes, et "Nausicaä" sortit dans les salles françaises à l'été 2006, plus de vingt ans après sa création. Ce film contient déjà en germes toute l'œuvre de son auteur, avec plusieurs constantes comme le fait de trouver une jeune fille en héroïne principale, des animaux fantastiques avec des références religieuses ou mythologiques, des guerres menées avec des engins volants au graphisme futuro-archaïque, et une grande sensibilité écologique, l'amour de la nature de Miyazaki ressortant sans cesse. Le graphisme a déjà un style très épuré au niveau des personnages, avec des décors très travaillés et une grande richesse dans les couleurs. Enfin, la musique est aussi déjà due au compositeur Joe Hisaishi qui est resté indissociable de l'œuvre du dessinateur-scénariste.

Le scénario est une aventure fantastique se passant dans un monde futur après que la pollution industrielle ait envahi la Terre et détruit une grande partie de l'humanité. Ces évènements sont évoqués lors du générique de début sous forme d'une fresque dont le style est visiblement directement inspiré par la tapisserie de Bayeux. Une petite région est protégée de la pollution par des vents, mais elle est cependant menacée par une forêt toxique, le "Fukai", peuplée d'insectes géants et distillant des poisons mortels, et qui ne cesse de s'étendre. Si les agriculteurs de la vallée du vent veulent vivre en paix, les peuples voisins sont divisés sur la façon de lutter contre la progression de la forêt, ce qui conduit à de nouvelles guerres, menées à bord d'engins volants redoutablement armés, entre les habitants du royaume de Pejité et ceux de l'empire des Tolmèques, ces derniers commandés par la princesse Kushana et son second, Kurotowa. Nausicaä, la jeune princesse du peuple de la vallée du vent a quant à elle le don de s'adresser aux animaux, et même aux Ohmus, les énormes insectes rampants aux multiples yeux qui peuplent la forêt et constituent une grave menace pour les hommes. Dotée d'une grande force de caractère, elle va tenter avec l'aide du sage Yupa et d'un jeune pilote du royaume de Pejité, Asbel, de ramener la paix sur Terre tout en rétablissant l'équilibre écologique de la planète. L'intrigue est, comme toujours chez Miyazaki, assez compliquée, qui fait que le film est autant destiné aux enfants qui apprécieront l'action au premier degré (avec toutefois quelques séquences un peu trop violentes pour les plus petits), qu'aux adultes, avec un message clair sur la paix et l'écologie, le réalisateur laissant poindre le traumatisme né des bombes atomiques lancées sur le Japon.

Le dessin épuré des personnages est remarquable de simplicité et de réalisme, on regrettera juste une animation pas toujours aussi fluide (seulement 8 images par seconde) que ce que l'on connaît sur des films plus récents comme "Le voyage de Chihiro" ou "Le château ambulant". Le détail des décors est souvent remarquable, avec une imagination débordante pour leur donner un aspect fantastique, en particulier les scènes dans la forêt. On voit également l'attrait du réalisateur pour l'aviation à travers des engins volants dont l'aspect menaçant n'exclut pas une rondeur presque pataude. Le style est épique avec de nombreuses scènes d'action et un bon suspense général, mais quelques séquences ralentissent le déroulement des évènements et donnent par moment l'impression de longueur. Le rythme aurait peut-être gagné à ce que le film soit un petit peu plus court, mais à l'inverse on regrette quand il se termine que ce soit déjà fini, tant on a été bercé par la beauté et la poésie des images, et séduit par un discours humaniste que l'on retrouvera quelques années plus tard avec un traitement très proche dans "Princesse Mononoké".

 
Nausicaä de la vallée du vent