DVD A LA LOUPE

Résumé : Sam Lombardo est enseignant sur le campus de la petite communauté huppé de Blue Bay, en Floride. Les parents apprécient son sérieux et ses étudiantes ne sont pas insensibles à son charme, jusqu'au jour où de lourdes accusations pèsent sur lui. Scandale ou vengeance ? Où sont les victimes, où sont les monstres ? Et s'il ne s'agissait de rien de tout cela, mais de bien pire ?...

Avis :  Depuis sa sortie au cinéma en 1998, « Sexcrimes », grâce notamment à une bande annonce plus qu’érotique avait une réputation de nouveau « basic instinct », encore plus jeune, encore plus chaud, encore plus provoquant. Il faut dire que voir les deux bombes sexuelles que sont Denise Richards et Neve Campbell se trémousser nues autour du corps du beau et musculeux Matt Dillon ne pouvait qu’émoustiller les plus voyeurs d’entre nous en mal (mâles ???) de thriller sulfureux. Seulement voilà, avec le temps (presque 10 ans maintenant), ce film n’a-t-il pas usurpé sa réputation au mépris d’un scénario ou d’une réalisation dignes de ce nom qui eux ont permis à « Basic Instinct » de rester un film culte car certes traversé de scènes chaudes mais bâti sur quelque chose de solide et terme de script et de qualité technique ???

Eliminons tout d’abord l’aspect sensuel du film. Oui ! Ce film comporte quelques scènes qui réveilleront beaucoup d’entre nous. Entre petite orgie à 3, plaisir saphique dans une piscine et autres petits ébats sexuels dans un lit entre une mère de famille et un jeune employé, les plus viscelards d’entre nous en auront pour leur argent (moi j’ai bien content en tout cas ;ol). A cela, il faut ajouter un érotisme constant grâce à un casting de belles gueules en chaleur qui fait de ce film un vrai « Basic instinct « version teenage movie. La silhouette avantageuse de Denise Richards illumine l’écran tout au long du film, la sportive Neve Campbell n’a jamais été aussi sexy dans un métrage et même les filles seront réjouies car le réalisateur n’hésite jamais une seconde à mettre en valeur les biceps des beaux gars de service que sont Kevin Bacon et Matt Dillon alors en mal de célébrité lors du tournage de ce film.
Ce qu’il faut par contre savoir, c’est que ce métrage ne se contente pas d’aligner les scènes de cul vulgairement parlant mais essaye d’intégrer une dimension critique à cet univers vain et superficielle où l’envie de l’autre (formidable scène entre Dillon et la fliquette noire) et de ses biens, où la beauté et le sexe ne sont que les seuls moyens de réussir perturbent les relations humaines saines. En cela, le film fait lui-même son autocritique et dénonce dans le même temps une certaine forme de cinéma et par la même la mentalité américano Hollywoodienne et aussi d’ailleurs.
Les acteurs, bien que surtout castés pour leurs belles gueules et leurs beaux fessiers ne sont, paradoxalement, pas mauvais du tout. Denise Richards est une fois de plus impeccable mais surtout, comme dans le titanesque « Starship troopers » elle n’est ici pas sous exploitée. Sa plastique est irréprochable, sa frimousse adolescente donne un côté complètement ambivalent à son personnage de vampe et c’est ainsi qu’elle crée le rôle de sa vie (du moins pour le moment….mais je ne vois rien venir de folichon). Son talent physique et d’actrice sont enfin mis en avant de façon complète. Kevin Bacon est lui en tout point remarquable. Il campe ici une flic torturé mais lucide sur les évènements ce qui lui vaut bien des conflits avec ses collègues et la hiérarchie. Matt Dillon, bien après le « Drugster Cow-boy » de Gus Van Sant retrouve un rôle à sa mesure et réussi le pari de porter tout le film sur ses épaules. Quant à Neve Campbell que le succès du largement surestimé « Scream » a porté aux nues, elle endosse le rôle d’une jeune gothique shootée jusqu’à l’os. Il ne faut pas cependant oublier Bill Murray, alors en plein creux de la vague et qui donne corps à un avocat excentrique, un peu malfrat, et qui fera la continuïté de l’intrigue lorsque tout tournera mal. Il trouve ici un rôle à sa mesure et le fait de le retrouver, lui notre inoubliable chasseur de fantôme procure un plaisir certain même si son personnage, bien que primordial aux rebondissements, se retrouve un peu effacé face aux quatre autres.

Que dire de la réalisation si ce n’est qu’elle est soignée ou du moins, qu’elle est à figurer dans l haut du panier pour ce genre de production. Comme le prouve le top image que vous trouverez plus bas, il y a bien quelques raccords ça et là mais il faut avouer que John McNaughton, réalisateur responsable à l’origine de sa carrière de l’éprouvant « Henry, portait d’un tueur en série » puis de « Mad dog and Glory » manie plutôt bien sa caméra. Le rythme est fluide, le montage agréable et dieu seul sait ce qu’il aurait pu advenir de ce faiseur s’il n’avait pas sombré dans la réalisation télévisuelle au début des années 2000.
Ce qui manque surtout à « Sexcrimes » pour sortir du carcan ‘film pour ado’, c’est un scénario digne de ce nom ce qui aurait pu l’élever au rang de film aussi culte que celui de Paul Verhoeven. Quand même supérieur à celui de « Basic instinct II », le nanar ultime et inutile de l’année dernière, il tire son épingle du jeu dans la première partie du métrage en instaurant un climat lourd de sous entendus, de victimisation injuste et d’érotisme contraint. Ces tensions trouveront leurs justifications et leurs explications bien après. Au premier visionnage, on se trouve confronté à des incohérences flagrantes (pourquoi les avocats ne font pas appel à tel ou tel personne, pourquoi de tel revirement de situation…)qui peuvent faire paraître le film superficiel et fondé sur quelques chose de complètement bancal mais arrive la deuxième partie, qui au final n’est qu’une suite de rebondissements sans fin qui expliquent une partie des erreurs (à force de nouveaux évènements, on n’oublie ce qu’on a pu remarquer au préalable) et on se rend compte que le spectateur est pris pour un con d’autant que beaucoup de ‘trous’ du scénario restent à combler et le resteront même après moult visions et cela nous détourne vraiment des raisons premières de l’intrigue. Il est difficile de ne pas en dire plus sans spoiler les lecteurs de cette critique qui ne connaissent pas encore le film mais qu’ils sachent que tout n’est basé que sur les apparences.

Au final, « Sexcrimes » ne mérite à mon avis d’être vu qu’une seule fois pour ne pas se gâcher un plaisir véniel perturbé par un scénario loupant son impact à force de rebondissements hâtifs et inutiles car aux ficelles aussi larges que les épaules à Neve Campbell. Sa réputation de film aux scènes torrides n’est pas usurpé et chacun(e) se régalera des déambulations du casting de belles gueules qui fait que ce film est un des teenage movies les plus mémorables…ce qui est la base de sa réputation (CQFD)…Mais bon, même bien filmé, ça ne va pas plus loin.

 
Sexcrimes