DVD A LA LOUPE

Résumé : Un esprit menaçant se cache dans les landes désolées qui entourent les falaises d'Angleterre. Sous la forme d'un chien sauvage sanguinaire, il se nourrit de la chair tremblante des héritiers du sinistre Sir Hugo de Baskerville. Mais avant de s'attaquer au nouveau Lord du manoir, la bête sauvage devra se jouer de l'ennemi le plus puissant qu'elle n'ait jamais affronté : l'incomparable Sherlock Holmes !

Avis : "Le chien des Baskerville" est une des nombreuses (six) adaptations au cinéma d'un des plus célèbres roman d'Arthur Conan Doyle, inspiré d'une vieille légende anglaise. Le film met en scène Peter Cushing et Christopher Lee sous la houlette de Terence Fisher, les trois hommes étant habitués à tourner ensemble au sein de la société Hammer qui produisait à l'époque de nombreux films d'horreur (les Dracula et autres Frankenstein…). Restituant parfaitement l'ambiance inquiétante des aventures de Sherlock Holmes, et avec un Peter Cushing ressemblant physiquement au célèbre détective tel que le décrivait Conan Doyle, on a ici une adaptation assez réussie malgré un budget limité, même si aujourd'hui ce film a beaucoup vieilli. Il n'avait d'ailleurs pas vraiment convaincu lors de sa sortie en salles, l'absence de sang décevant les fans des films de la Hammer, et le caractère gothique des décors (repris du tournage précédent "Le cauchemar de Dracula"), ainsi qu'un soupçon d'érotisme totalement absent des romans de Conan Doyle, déroutant les amateurs d'énigmes policières. On peut déplorer que cette absence de succès ait dissuadé la Hammer de tourner d'autres épisodes des enquêtes de Sherlock Holmes, comme c'était prévu initialement, car aujourd'hui on peut dire que ce film fait partie des grands classiques.

Le scénario prend quelques libertés avec le roman original, ce petit défaut ayant l'avantage de faire tenir une intrigue cohérente et pleine de suspense dans la durée relativement courte du film. Le casting est d'une rare justesse, Peter Cushing réussissant une des meilleures adaptation à l'écran du personnage très particulier qu'est Sherlock Holmes avec sa froideur, et ses réparties souvent cinglantes. André Morell incarne un docteur Watson intelligent, qui n'a rien d'un faire valoir pour Holmes et apporte une contribution significative au déroulement de l'intrigue, et Christopher Lee est lui dans un rôle plutôt à contre-emploi en Lord Henry de Baskerville, beaucoup plus romantique que les êtres monstrueux qu'il incarnait habituellement. On notera également Francis De Wolff (le docteur Richard Mortimer, ami de Baskerville), Marla Landi (Cecile Stapleton, dont le rôle ne s'arrête pas à faire joli dans le paysage d'une lande brumeuse et inquiétante), et Miles Malleson qui apporte un contrepoint comique dans le rôle de l'évêque Frankland. Et puis on ne peut pas passer sous silence le chien, autour duquel tourne toute l'intrigue, mais qui constitue un légère déception, car même si l'animal a été doté d'un masque pour le rendre plus menaçant, on ne peut pas dire qu'il paraisse aussi formidable que ce à quoi on pouvait s'attendre, quand on le découvre à la fin du film. L'ambiance générale est largement due à la photographie esthétique et de style fantastique de Jack Asher, et à la partition musicale de James Bernard, les deux hommes étant habitués à collaborer avec Terence Fisher sur ses films d'horreur, et on appréciera particulièrement la séquence du début qui raconte la malédiction ancestrale trouvant son origine dans les tristes méfaits de Sir Hugo (joué par David Oxley), quelques deux cents ans en arrière.

Premier film sur Sherlock Holmes tourné en couleur, "Le chien des Baskerville" est typique de son époque, bien éloigné des standards actuels mais dont le charme est indéniable, et on ne peut que conseiller aux amateurs d'intrigues policières teintées de fantastique de le découvrir, malgré une édition DVD qui ne lui rend pas entièrement hommage, même si elle représente une avancée considérable par rapport à la version pan&scan vue à la télévision.

 
Le chien des Baskerville