DVD A LA LOUPE

Résumé : Le Maître du Suspense John Carpenter sort une nouvelle version à vous donner des frissons d'un classique de science-fiction. Quelque chose de foncièrement mauvais habite le tout petit village de Midwich. Après qu'une puissance invisible se soit échappée d'une ville tranquille du littoral, dix femmes se retrouvement mystérieusement enceintes.
Le docteur Alan Chaffee (Christopher Reeve) et la scientifique Susan Verner (Kirstie Alley) unissent leur forces lorsque les femmes accouchent toutes en même temps... et que le règne de la terreur commence. Les habitants de Midwich tenteront de trouver une solution pour arrêter les enfants du Village des Damnés...

Avis : "Le Village des Damnés" ne compte pas parmi les Carpenters les plus connus même s'il est relativement récent. Remake du classique des années 60 de Robert Wise, Big John s'est néanmoins approprié l'histoire et l'a remise au goût du jour.

En effet, pendant les années 60, l'invasion extraterrestre insidieuse décrite dans le film pouvait aisément être comparée au communisme, véritable peur en cette époque de "Chasse aux Sorcières". La grande force de ce Remake, c'est d'avoir repensé et remanié l'histoire afin de dénoncer un nouveau fléau. Le communisme, c'est plus vraiment à la mode n'en déplaise à notre Robert national. A quelle plaie John Carpenter peut il comparer cette invasion alors? Très simple: il choisi la banalisation de la violence. Les enfants d'aujourd'hui sont accoutumés à voir la violence partout autour d'eux (TV, jeux vidéos...). Ils en perdent par la même une part de leur innocence et sont parfois amenés à grandir trop vite. Carpenter montre de nombreux symptomes de ce "vieillissement accéléré" dans le film, que ce soit au travers de scènes un peu trop éxagérées (le nouveau né qui arrive à écrire son prénom avec des cubes pour enfant) ou des détails plus subtils (les malettes qu'ils utilisent et leur costumes rappellent ceux des "cols blancs", la façon dont leur chambre est rangée, leur lit fait comme ceux d'un hôtel...).

Voilà ce qui se cache au coeur même de ce remake, seulement on peut trouver d'autres éléments symboliques. Ce que j'ai le plus retenu personnellement, c'est une métaphore de la vie de couple... Certes c'est peut être du à ma personnalité et mes expériences, mais je suis assez d'accord avec Carpenter lorsqu'il décrit le couple comme une prison dorée. Je m'explique: sur les 9 enfants, 8 sont en couple et vont finalement n'exister que par et pour eux mêmes. Ils privilégieront en toutes occasions leur survie et celles de leur conjoint. Seul le 9ème, isolé et "célibataire", va s'ouvrir au monde et lutter contre sa nature... Bon OK maintenant va falloir que je fasse gaffe à ce que ma copine ne tombe pas sur cette critique ou je vais encore avoir droit au refrain du "refus chronique de s'engager"...

Je n'ai pas vu l'original, et je ne dispose donc pas de moyens pour comparer les deux films. Je vous pris de m'excuser encore pour cette lacune! Je passe donc vite là dessus... Histoire de me faire tout petit!

"Le Village des Damnés", même s'il n'est pas le meilleur Carpenter, reste un bon film fantastique reussissant parfois à donner quelques frissons, voire même à déranger (avec ma phobie de tout se qui touche au milieu médical, je me suis senti mal à l'aise devant la vivisection au scalpel...). Les effets spéciaux sont assez réussis pour l'époque, et c'est avec plaisir qu'on retrouve bon nombre d'acteurs connus. Le héros tout d'abord, Christopher Reeves ("Superman" en personne) s'en tire pas trop mal même s'il a plus l'air plus constipé que concentré lorsqu'il tente de resister aux enfants qui percent son esprit. A part ça, l'acteur produit toujours son petit effet, et je trouve même que Carpenter a réussi à lui donner un petit côté Lovecraftien. C'est vrai que dès le départ, son rôle de docteur le rapproche de ce type de héros... Essai transformé pour Superman alors!
A ses côtés, deux femmes. Une blonde et une brune: Linda Kozlowski et Kristie Alley. Elles aussi ne s'en tirent pas trop mal. Kristie Alley est crédible en froide scientifique, limite "Woman in Black", et a bien la "tête de l'emploi" comme on dit! Lorsque vous verrez sa tête, vous allez vous dire que vous l'avez déjà vu quelque part, sans vraiment savoir où... C'est normal elle a fait plein de Films TV et d'apparition dans des séries. Je suis juste sûr qu'elle a joué dans "Allo Maman? Ici Bébé!"... Encore une actrice de mon enfance! Linda Kozlowski est elle beaucoup moins connue... Madame "Crocodile Dundee"? Ca y est vous la remettez? Elle incarne la mère de l'enfant "célibataire". Prête à tout pour le sauver de sa sinistre destinée, son rôle consiste clairement à crier et à pleurer, ce qu'elle fait de façon convaincante, sachant que Carpenter réussi à élever un peu le niveau du rôle en laissant transpirer quelques émotions liées au fait d'avoir mis au monde un monstre. Sans faire dans la niaiserie ou la facilité, le film porte un regard assez juste sur l'instinct maternel.
Et la grosse surprise du casting, c'est le révérend qui n'est autre que... Mark "Luke Skywalker" Hamill! Ca fait toujours drôle de le revoir celui là... Presque méconnaissable, je ne sais pas pourquoi je trouve qu'il est parfait en homme d'Eglise. La scène du "dernier sermont" est une petite merveille, et elle est bien entendue menée par Mark Hamill. On y voir le révérend inciter plus ou moins directement les habitants de la ville à la révolte en citant des textes bibliques... Au début, on se demande si les textes sont choisis par hasard... Et quand on comprend que c'est plus qu'une simple coïncidence, la tension s'installe et monte crescendo jusqu'à en devenir insupportable, même pour le simple spectateur. J'ai trouvé cette scène particulièrement intéréssante, et accessoirement elle m'a convaincue du talent d'acteur de Mark Hamill (dont je doutais dans "Star Wars"... C'est vrai il tient pas la route par moment, et le contraste avec Harisson Ford... No Comment...). S'il le veut, il en a dans le ventre le bougre! On sent la pression monter, et la conclusion du sermont résonne comme une inévitable explosion dans laquelle s'échappe tout le stress accumulé pendant cette scène.

Je pense que j'ai trouvé une bonne conclusion pour ce DVD à la loupe: dans "Le Village des Damnés", chacun y voit un peu la peur qu'il veut... John Carpenter s'est efforcé dans sa carrière à décrire le Mal, le pur, celui avec un grand "M", et l'air de rien c'est peut être dans ce long métrage qu'il y est le mieux parvenu en installant une angoisse polymorphe et adaptable à volonté à la personnalité de chacun...

 
Le village des damnés