Résumé : Lowell Bergman, célèbre journaliste d'investigation, reçoit un dossier envoyé par un employé anonyme de Philip Morris. Y sont décrits les méfaits de la nicotine et la dépendance qu'elle crée. Bergman contacte Jeffrey Wigand, un scientifique travaillant pour Brown et Williamson, le troisième fabricant de cigarettes des Etats-Unis. Ils vont ensemble faire éclater l'un des scandales les plus retentissants de l'histoire du tabac.
Avis : Directement inspiré de faits réels qui se sont déroulés en 1995, "Révélations" montre les dessous d'une affaire médiatico-judiciaire mettant en cause les fabricants de cigarettes, qui n'hésitaient pas à leur adjoindre des substances destinées à augmenter les effets de la nicotine afin d'accroître l'accoutumance des fumeurs. Ce film, réalisé par Michael Mann, au sommet de son art, est un pamphlet sévère contre tous ceux qui s'enrichissent en jouant avec la santé d'autrui, mais aussi contre la justice et les médias dont l'indépendance cède trop facilement devant les intérêts financiers. Traitée comme un thriller, cette œuvre au rythme assez lent, mais très forte et très prenante, n'a pas connu le succès qu'elle méritait, sans doute à cause d'un thème apparemment peu porteur.
Les deux personnages clé du scénario sont Lowell Bergman, producteur de l'émission de télé "60 minutes", qui veut faire éclater au grand jour un scandale de santé publique, et Jeffrey Wigand, ex directeur du département de recherche d'un grand cigarettier. Le premier est incarné par Al Pacino qui retrouve Michael Mann quatre ans après "Heat", et insuffle une incroyable énergie à son personnage. Le second est interprété par Russell Crowe, également parfait dans un rôle bien éloigné, avec ses lunettes et ses cheveux blancs, du Maximus de "Gladiator" qui sortit à la même époque sur les écrans. Les deux acteurs montrent parfaitement les états d'âmes des deux hommes qui sont soumis à des pressions considérables pour que le scandale n'apparaisse pas au grand jour. Dans la première partie du film, on se centre sur les tiraillements de Wigand déchiré entre sa conception du bien public et les conséquences que cela peut avoir sur sa carrière, sa vie de famille, et peut-être même sa vie tout court quand il reçoit des menaces de mort. La deuxième partie met plus en évidence Bergman, qui doit lutter contre les manœuvres en coulisses pour que la chaîne CBS News garde secrètes ses informations. Au niveau du casting, on soulignera Christopher Plummer dans le rôle de Mike Wallace, présentateur de CBS qui travaille avec Bergman, et Michael Moore dans son propre rôle de procureur général du Mississipi. Le scénario ne laisse que peu de place aux femmes, la plus concernée étant Liane Wigand (Diane Venora, une excellente actrice souvent cantonnée à des rôles secondaires, ici très émouvante) dont le couple va battre de l'aile suite aux décisions prises par son mari. On notera également Gina Gershon dans le rôle fort peu sympathique de la conseillère juridique de CBS.
Bien qu'il y ait très peu d'action, sans poursuites ni coups de feu, la tension est entretenue tout le long des deux heures trente du film. Le réalisateur, aidé de son directeur de la photo Dante Spinotti, varie souvent les manières de filmer, quelquefois caméra à l'épaule, utilisant les ralentis et, multipliant les angles de vue pour mettre en évidence les sentiments vécus par des protagonistes dont on ressent les émotions, ce qui nous les rend très proches. Les cadrages de l'image sont très travaillés, jouant sur sa composition et sur la gestion des flous lors de nombreux gros plans. La musique, envoûtante, est également très originale, avec de belles partitions de Lisa Gerrard, Pieter Bourke et Graeme Revell, soulignées par des chœurs dans les moments les plus dramatiques. Le scénario, qui a été enrichi d'éléments fictionnels par rapport à la réalité, comme c'est indiqué lors de l'épilogue, est loin d'être linéaire, avec des renversements de situation qui entretiennent un bon suspense. On apprécie également le côté documentaire à la fois sur l'industrie du tabac et sur le monde des médias, l'aspect le plus intéressant restant néanmoins l'étude approfondie des personnalités de Wigand et Bergman. "Révélations" est un film qui pousse à réfléchir sur la manière dont on est manipulé, et mérite d'être découvert par tous les amateurs de thrillers intelligents et bien construits.
L'Image :
3/3
Détails techniques
:
Format Vidéo : 16/9 - Ratio : 2.35:1
Avis :
L'image est remarquable par sa définition, et la profondeurs des noirs qui accentue les contrastes, les couleurs étant restituées avec une colorimétrie très naturelle. La compression a été réalisée avec soin. Le côté artistique est très soigné, plus au niveau des cadrages et des effets de zoom ou de lumière que d'une recherche de décors élaborés. Ceux-ci sont néanmoins très variés pour un film dont on pouvait craindre une certaine monotonie à ce niveau.
Le Son :
2.5/3
Détails techniques
:
Dolby Digital 5.1 en Français, Anglais, Espagnol, Tchèque et Hongrois - Sous-titres : Français, Anglais, Grec, Bulgare, Hollandais…
Avis :
Sans être spectaculaire, la bande son diffuse sur tous les canaux des effets subtils donnant de la présence aux différentes scènes (bruits de la pluie, du vent dans les arbres, bruits d'ambiance dans les lieux publics…). Mais c'est surtout la musique qui bénéficie des possibilités du 5.1 pour emplir la pièce durant des passages pleins d'émotions.
L'Interactivité
:
1/3
L'ergonomie
des menus :
Menus fixes et muets, d'un graphisme plutôt décevant. Le film est découpé en 30 chapitres. On peut changer de sous-titres à la volée, mais il faut repasser par le menu pour changer de piste audio, le point de lecture étant conservé.
Les bonus :
Alors que la qualité technique du film a été soignée, cette édition est plutôt avare en suppléments.
Les coulisses du film : petit documentaire en forme de making of simplifié, de 7 minutes en 4/3 VO. Assez décevant compte tenu de tout ce que l'on pouvait espérer sur ce genre de film, et réservé aux anglophones.
Les Visuels :
0/1
La pochette / Le packaging
Boîtier amaray transparent, sans que soit utilisée la possibilité d'imprimer la liste des chapitres au verso de la jaquette. Le visuel est totalement différent de l'affiche du film, il est assez fade, centré sur les deux personnages principaux, et n'illustre absolument pas le scénario.
La sérigraphie
Pas de sérigraphie, le titre, en deux langues, et les logos, énormes, étant imprimés en noir sans aucune recherche artistique.
Note Finale
: (15.5/20)
Commentaires concernant cette critique
- le 09/12/2006 à 12:59 par Aérochouf : bonne critique pour cet excellent film, à voir et ne pas rater, surtout que ce W.E 09/12/2006 il est à 5€.90 FdP gratuit chez Dvdfolies ;=) - le 08/12/2006 à 12:16 par Niko06 : Peut-être le meilleur film de Mann. Outre un scénario fantastique, son génie dans la réalisation explose à chaque plan. Pacino impérial comme d'habitude et Crowe qui trouve son meilleur rôle à ce jour. Belle critique pour un très grand film ;)
si vous souhaitez poster un commentaire : connectez-vous