Le résumé : En 1914 en
Afrique, alors que la première guerre mondiale commence en Europe, un village
africain est incendié par les Allemands. Seule survivante, Rosie, la sœur d'un
pasteur méthodiste anglais (Katherine Hepburn) est rejointe par un aventurier
canadien, Charlie Allnut (Humphrey Bogart) qui l'embarque sur son bateau l'African
Queen. Découvrant que le bateau contient des explosifs et animée d'un fort
sentiment patriotique, Rosie réussit à convaincre Charlie : ils doivent
utiliser le bateau pour détruire un navire de guerre allemand naviguant sur un
lac plusieurs centaines de kilomètres en aval de la rivière. Mais la route sera
longue et parsemée de multiples dangers…
L'avis : Avec ce film, John Huston nous offre la possibilité de voir en
même temps et pour l'unique fois au cinéma 2 montres sacrés de l'age d'or du
cinéma hollywoodien : Humphrey Bogart et Katherine Hepburn.
Le résultat est un film éblouissant, non seulement par la qualité du jeu de ces
acteurs mais également par le souffle épique que John Huston insuffle à son
film.
En effet, le réalisateur s'amuse d'abord à nous présenter 2 personnages aux
caractères totalement opposés : l'une est sœur d'un pasteur méthodiste et donc
habituée à une certaine rigueur et rigidité tant dans ses propos que dans ses
comportements. L'autre est un aventurier hâbleur avec un goût prononcé pour le
gin et dont l'hygiène de vie n'est pas forcément exemplaire. Huston s'intéresse
à nous montrer le paradoxe de leur rencontre et surtout à en filmer les
conséquences : certaines scènes, à ce titre sont assez drôles : le personnage
de Bogart se voit confronté à une femme qui lui tient tête, sa conception de la
vie en général en est altérée et, perdant ses repères, il décide de se ranger
aux décisions de cette femme de caractère. Ainsi la scène ou Katherine Hepburn
vide dans la rivière ses bouteilles de gin est assez révélatrice : en pleine
gueule de bois, Bogart n'a plus la force de lutter, il sait qu'il n'aura pas le
dessus sur cette femme qu'il commence à admirer.
Par ailleurs, le point fort du film de Huston est de montrer comment deux
caractères opposés sont capables de se dépasser, motivés qu'ils sont l'un par
l'autre. Quant Charlie déclare qu'il est impossible de descendre la rivière,
Rosie trouve les arguments pour le motiver. A l'inverse, face à l'épuisement
physique de Rosie, c'est Charlie qui trouve les mots lui permettant d'être
réconfortée et de retrouver espoir. Ainsi, selon Huston, malgré les différences
et les divergences de points de vue, les personnalités interagissent lorsqu'il
faut œuvrer dans un but commun. Le rapport de force du départ fait place à une
réunion des volontés car les deux personnages sont confrontés à un danger
commun. Plus tard dans le film, l'amour naît et se concrétise entre nos deux
héros. Leur force et leur volonté en sera décuplée, l'amour donnant au film un
souffle romanesque voire romantique au film. Après tout n'est-il pas vrai que
l'amour triomphe de tout ?
Parler de l'African Queen sans parler de l'Afrique elle-même serait une erreur
: en effet, l'Afrique constitue un personnage à part entière dans le film : ses
animaux, son relief, son climat vont donner beaucoup de fil à retordre à nos
deux héros dans leur périple. Huston nous offre de formidables images de
paysages, de chutes d'eau et distillent ces plans tout au long du film de façon
très intelligente : en effet, lorsque les deux personnages profitent d'un peu
de répit, Huston insère des plans de l'Afrique et de ses dangers (crocodiles,
torrents). A l'inverse, l'Afrique sait aussi se montrer accueillante et drôle
par certains côtés (scène ou Bogart imite les hippopotames et les chimpanzés
devant une Katherine Hepburn qui pleure de rire).
Cette double nature de l'Afrique est distillée tout au long du film par Huston
donnant véritablement un rythme à son film et captant toujours l'intérêt de son
spectateur.
L'African Queen est un véritable film d'aventures permettant de voir pour la
seule et unique fois un couple de stars hollywoodiennes. Il est également un
film ou tous les sentiments se mêlent tour à tour : rire, émotion, peur,
courage… une vraie réussite, un classique du cinéma américain avec un final
bien inscrit dans la grande tradition des grands films hollywoodiens.
Clint Eastwood saura parfaitement rendre hommage à ce grand classique avec son
film "Chasseur Blanc Cœur Noir" où il incarne un réalisateur découvrant
l'Afrique au cours du tournage d'un de ses films.
Pour l'anecdote, il faut savoir que tout le temps du tournage, Humphrey Bogart
ne cessa de boire de l'alcool, allant jusqu'à se laver les dents avec : il fut
ainsi le seul à ne pas être malade, la contamination par une eau non potable
ayant touché le reste de l'équipe.
L'Image :
2/3
Détails techniques : Ratio : 1.33 - Format Vidéo :
4/3
Avis : Avec une image d'origine au 1.33,
le format vidéo proposé est logiquement du 4/3. Ce format 1.33 était le format
utilisé à cette époque, le cinémascope n'arrivant qu'en 1953 avec le film "La
Tunique".
Le travail de restauration est assez remarquable : l'image d'origine a été
débarrassée de défauts tels que les poussières ou points blancs. La compression
est bonne même dans les scènes de nuit (fin du film) où les contrastes restent
assez profonds. Côté couleur et image, on notera un défaut visible tout le long
du film : la teinte de l'image change de façon constante alternant des images
chaudes puis d'autres plus froides gênant quand même le visionnage du film.
Néanmoins il faut bien se rendre à l'évidence nous avons à faire à un film
ayant plus de 50 ans d'âge et globalement il faut être satisfait par ce master.
Le Son : 1.5/3
Détails techniques :
Dolby Digital 5.1 en
Français – Dolby Digital 1.0 en anglais (2 pistes) – Dolby Digital 1.0 en allemand
- Sous-titres : français,
anglais et allemand
Avis : Seule la version française a
bénéficié d'un remixage en 5.1. On peut véritablement s'interroger sur ce
choix de l'éditeur : en effet, plutôt que de multiplier les pistes en
mono/stéréo (5 au total dont une pour les commentaires en anglais et une
autre pour la traduction de ces commentaires en français) il eut été plus
judicieux de se limiter à deux langues et un commentaire audio en anglais sous
titré français. Ainsi peut être aurions nous pu profiter d'une bande son
anglaise remixée en 5.1.
Peut-être pour justifier le choix de l'éditeur, à l'écoute, on se rend
compte que le remixage en français ne donne pas lieu à une spatialisation
prononcée. Réalisée à partir d'un son mono, cette remasterisation du son
donne un résultat mitigé : les voix des personnages sont un peu aigus, un
léger souffle se fait entendre mais le son est plus aéré. Pour la piste
anglaise, même si la sortie se fait sur les enceintes avant uniquement, les
dialogues sont plus équilibrés par rapport à la musique restant
intelligibles sans aucun problème tout le long du film.
Bizarrement, l'éditeur propose deux pistes audio anglaise. L'une d'entre
elle pourtant annoncée 2.0 est bien monophonique. A l'écoute, il y a une
légère différence entre les deux pistes, la piste qualifiée "2.0" est
légèrement moins aigue que la piste 1.0 qualifiée d'origine. De la même
manière, la musique est moins "nasillarde" et n'a pas tendance à saturer
comme c'est le cas par moment sur la piste d'origine. Pour autant, même si
il y a une différence au niveau de l'écoute, du point de vue du format les
deux sont bien en 1.0 et passent toutes les deux uniquement sur l'enceinte
centrale.
L'Interactivité
: 2/3
L'ergonomie des menus : les menus sonorisés sont au format 16/9. On retrouve le thème principal du
film en fond sonore. Pas d'animation entre les différentes sections du sommaire.
L'accès aux chapitres nous permet de découvrir des vignettes animées. Assez
curieusement, celles-ci sont en noir et blanc. L'accès aux bonus (hormis les
commentaires audio) se fait sur un second DVD.
Les Bonus :
DVD
n° 1 :
Commentaire audio de Jack
Cardif
Le commentaire audio est soit en anglais, soit en français doublé (!!). C'est
une véritable mine d'or avec plein d'anecdotes du tournage.
DVD n° 2 :
Biographies
C'est en fait une filmographie auquel on a droit pour John Huston. Elle
s'affiche à l'écran via un texte déroulant. Celles de Bogart et Hepburn sont un
véritable reportage (en anglais ou en français au choix) : ces reportages
présentent en une vingtaine de minutes la vie professionnelle et personnelle des
2 grands acteurs.
Bande Annonce
La bande annonce originale du film African Queen
Photos
Galeries de photos de tournage du film
Les Visuels
: 1/1
La pochette
/ Le packaging
Présentée dans un digipack 3
volets inséré dans un fourreau (carton glacé) cette édition est véritablement
soignée : les couleurs un peu sépia très contrasté rappelant ainsi le caractère
ancien du film et l'ensemble est très beau à voir. Une fois les DVD retirés on
découvre un gros plan des 2 principaux acteurs. Un livret estampillé "Cahiers du
Cinéma" vient compléter par des informations pertinentes tant sur le film que
sur Huston cette édition parfaitement réalisée.
La sérigraphie
Les deux sérigraphies sont tout simplement
splendides. Celle du film, avec son rond central imprimé permet de voir les
deux acteurs dans leur intégralité. Celle des bonus, différente, présente un
coucher de soleil avec un arbre sur la partie gauche, toujours dans les mêmes
tons orange et sépia. Rien à redire, c'est beau et très bien réalisé.