Jaume Balaguero et Paco Plaza, deux des valeurs sûres du cinéma fantastique espagnol, nous livrent avec ce "[REC]" un exercice de style idéalement maîtrisé qui atteindra parfaitement son but en immergeant complètement son spectateur dans une intrigue simple pour réussir à le surprendre et à générer les frissons espérés.
Le script va suivre une journaliste et son cameraman ayant rejoint une caserne de pompiers pour passer une nuit avec eux pour les besoins d'un reportage destiné à une télévision locale. Ce qui semblerait au premier abord comme une intervention banale dans un immeuble va rapidement se transformer en un véritable cauchemar.
D'entrée le métrage va mettre en avant son concept en suivant le personnage principal, Angela, une journaliste filmée par son cameraman alors qu'elle prépare l'introduction de son nouveau reportage destiné à suivre la vie nocturne d'une caserne de pompiers, pour ensuite nous faire partager la visite des lieux et différentes conversations avec les hommes présents sur place, le tout dans une bonne humeur qui n'empêchera pas Angela de glisser quelques conseils acides à son collègue, dévoilant ainsi sa mentalité quelque peu hypocrite et opportuniste qui contrastera clairement avec l'attitude calme et bien plus humaniste des pompiers, notamment lorsqu'ils souhaiteront qu'il ne se passe rien cette nuit-là.
Cette mise en condition permettra au spectateur de bien se familiariser avec le style "documentaire" choisi par les deux réalisateurs et de commencer à s'impliquer dans l'intrigue, jusqu'à cet appel lançant la première intervention de la nuit, puisqu'une vieille dame a émis toute une série de bruits bizarres dans son appartement, alertant les voisins qui ont du coup appelé les pompiers. Arrivés sur place, les pompiers, bien entendu suivis par Angela et son équipier, vont recueillir les témoignages des habitants et des deux policiers déjà arrivés sur les lieux, avant de monter jusqu'à l'appartement d'où ont été entendus les cris, installant irrémédiablement une tension stressante qui ne fera que croître pendant l'exploration de l'appartement qui se terminera par la découverte d'une dame âgée ensanglantée qui va se jeter sur le policier ayant pris la tête du groupe et le mordre sévèrement au cou. Redescendant en urgence pour évacuer le blessé, les pompiers et Angela vont découvrir qu'ils ont été mis en quarantaine dans l'immeuble et que les autorités placées à l'extérieur leur interdisent de sortir du bâtiment. Commencera alors une descente en enfer filmée qui accompagnera Angela et ses compagnons d'infortune dans leur lutte pour tenter de survivre face à la menace sévissant à l'intérieur de l'immeuble.
La grande force du métrage sera d'utiliser parfaitement son concept pour nous faire carrément vivre de l'intérieur l'intrigue et découvrir en même temps que les protagonistes aussi bien les événements que la présence de la menace de ces "infectés" agressifs qui viendront se glisser dans le champ de la caméra pour autant d'effets de surprise invariablement réussis et parvenant même à créer la peur, sentiment si rare à l'écran de nos jours.
Dans le même ordre d'idées, l'intrigue aura l'intelligence d'avancer progressivement sa menace, pour d'abord laisser un véritable doute quant à sa nature perturber les personnages et du même coup le spectateur, tout en insistant dans la première partie du film sur un climat d'attente angoissant géré de mains de maîtres par les deux auteurs, avant de laisser exploser la violence et l'horreur de la situation dans une seconde partie démentielle, lancée par une séquence terrible "volée" par le cameraman lorsque le représentant des autorités sanitaires entré dans l'immeuble examinera les blessés. Cette seconde moitié du film, exemplaire dans sa manière de communiquer l'urgence des situations, alternera avec brio ses situations tendues avec d'autres plus violentes pour suivre la fuite éperdue des rescapés jusqu'au final, tout simplement magistral dans sa manière d'épiloguer l'intrigue avec un dernier coup de boutoir laissant le spectateur vidé et subjugué par ce dernier acte tout simplement monstrueux.
En plus, le métrage restera crédible de bout en bout avec des situations parvenant toujours à rester criantes de vérité et ne donnant jamais l'impression d'assister à un film pour au contraire suivre l'action naturellement et ne permettant aucune distanciation salutaire pour les nerfs du spectateur du coup mis à rude épreuve.
Le métrage pourra compter sur une interprétation parfaite des différents acteurs qui se livreront littéralement pour laisser exprimer des sentiments réels et approfondir les personnages de manière tout à fait réaliste dans leurs réactions, tandis que la mise en scène des deux réalisateurs rendra effectif et convaincant le concept choisi pour délimiter l'intrigue et apporter cette touche de réalisme incroyablement maîtrisée. Les effets spéciaux seront définitivement probants, surtout dans de telles conditions en intervenant lors de plans séquences longs pour quelques explosions sanglantes volontaires et des maquillages véritablement effrayants, notamment lors du final.
Donc, ce "[REC]" arrivera sans équivoque à créer une tension palpable pour mieux ensuite générer de véritables frissons, grâce à une immersion complète du spectateur dans l'intrigue et par une mise en scène incroyablement réaliste, nous offrant ainsi un excellent exemple de film de "trouille" abouti et magistralement performant !
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