Avec ce "Castle freak", le réalisateur Stuart Gordon signe un film à part dans sa filmographie. En effet, si l'ambiance et le propos rappelle Lovecraft, on est bien loin des délires gores et hystériques d'un "Re-animator" ou "From Beyond". Le script présente une famille venant d'hériter d'un chateau en Italie et s'y rendant pour préparer sa vente. Mais ils ne savent pas que l'ancienne propriétaire des lieux a séquestré son fils, encore en vie, pendant de longues années dans un cachot, le fouettant et l'humiliant régulièrement ( cf la splendide scène d'intro ). Le monstre, humanoïde chétif à moitié défiguré, va bien entendu se libérer de ses chaînes et venir s'attaquer à la famille. A partir de ce script somme toute classique, le réalisateur nous livre une oeuvre brute, sérieuse dans son traitement ( sans aucune trace d'humour ), sadique par moments, un brin perverse ( le monstre castré essayant de satisfaire une demoiselle ) et rendue captivante par la profondeur donnée aux différents personnages, prétexte à des sous-intrigues intéressantes, mais aussi par les sentiments que procurent la créature, qui malgré un aspect physique repoussant et sa violence, parvient à provoquer la pitié chez le spectateur, de par son destin misérable et une certaine innocence dans sa découverte de l'amour ( évoquant bien sûr "La belle et la bête ). De plus, le film déroule son intrigue sur un plan totalement linéaire et limpide, enchaînant les différentes situations naturellement, tout en sachant installer un climat capable de créer un suspense et une tension qui ira croissante jusqu'au final, quelque part logique mais dans tous les cas terriblement triste. Mais cela n'empêche pas Stuart Gordon de se laisser aller à quelques dérives gores bien expansives ( la mort de la prostituée, par exemple ) mais s'intégrant parfaitement dans le contexte du métrage, et surtout on sent bien que le réalisateur, amoureux du genre, a apprécié de filmer sa créature hurlante et vociférant, traînant sa chaîne à travers ce manoir, décor idéalement gothique et lugubre. L'interprétation est crédible et c'est avec plaisir que l'on retrouve le tandem Jeffrey Combs/ Barbara Crampton, dans un registre totalement différent de celui de "Re-animator". Les effets spéciaux sont efficaces, autant dans la représentation du monstre, tout en détails répugnants, que dans les plans sanglants démonstratifs ( l'arrachage du pouce ). Donc, ce "Castle freak", injustement méconnu, s'avère être un très bon film du genre, sérieux, sinistre et touchant en même temps !
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