DVD A LA LOUPE

Résumé : Venise. Kronsteen, grand champion d'échecs et membre du Spectre, a été chargé par Blofeld de rallumer la guerre froide entre l'Est et l'Ouest. Avec l'aide de Rosa Klebb, ex-chef des services secrets soviétiques, il a mis au point une stratégie qui passe par Istanbul et le vol du nouveau lecteur de déchiffrement soviétique. Persuadé que les britanniques vont mordre à l'hameçon et qu'ils vont envoyer sur place James Bond, il charge Klebb de recruter une jeune femme au sein du consulat russe, dont le rôle sera de séduire Bond, de l'aider à s'emparer du lecteur et de le livrer à un redoutable tueur.

Avis : Second volet des aventures de James Bond, "Bons baisers de Russie" a profité du succès de "Dr No" pour voir son budget doublé par rapport au premier film. Même si cela reste bien en deçà d'une superproduction comme Docteur Jivago qui coûta 7 fois plus cher à la même époque, ce budget plus confortable permit d'introduire plus de moyens ajoutant au spectacle, en particulier les fameux gadgets fournis à James Bond par le Major Boothroyd, plus connu sous son nom de code "Q". C'est dans ce film qu'apparaît pour la première fois Desmond Llewelyn, dans ce rôle qu'il occupera pendant 17 films sur une période de 36 ans, un record absolu dans l'histoire du cinéma. C'est aussi le premier James Bond dont le générique du début est précédé d'une séquence en guise de prologue, tradition qui sera systématiquement reconduite par la suite. Par contre le personnage de Sylvia Trench (joué par Eunice Gayson), déjà aperçu dans Dr No et qui devait initialement faire partie des personnages récurrents de la série, fait là sa dernière apparition. Le film connaîtra le même succès que son prédécesseur et finira d'asseoir définitivement le concept.

"Bons baisers de Russie" reste un film d'espionnage noir, réaliste et assez proche des romans de Ian Fleming, et privilégie encore la qualité du scénario aux effets visuels spectaculaires. On a quand même droit à des poursuites en hélicoptère, et en hors-bord dans les îles grecques. Ces cascades ont même failli tourner au drame avec un accident de l'hélicoptère du réalisateur Terence Young, lequel s'est retrouvé prisonnier de l'appareil sous la surface de l'eau. A peine dégagé, il repris le tournage avec son bras en écharpe. Le côté touristique est bien présent dans le film avec des tournages à Istanbul et Venise, et plusieurs James Bond girls entourent 007, la principale étant l'espionne russe Tatiana Romanova. Celle-ci est jouée par l'italienne Daniela Bianchi, qui fut deuxième au concours de Miss Univers mais qui, à cause peut-être d'un rôle assez effacé, ne réussira pas à faire oublier Ursula Andress sortant des eaux dans "Dr No". Le scénario, comme dans tous les Bond, évite de placer les états en position de méchants, comme c'était l'habitude dans les films d'espionnage d'après guerre. Les fauteurs de troubles sont des organisations ou des mégalomanes qui veulent dominer le monde, et pour cela cherchent à dresser les états les uns contre les autres, profitant des rivalités est-ouest du temps de la guerre froide. On voit donc apparaître pour la première fois le SPECTRE, dirigé par le sinistre Blofeld, organisation criminelle que Bond retrouvera à six reprises sur sa route.

Sean Connery a désormais bien calé son personnage, très classe, avec un humour british, coureur de jupons, et une détermination implacable. Il a en face de lui Robert Shaw qui incarne avec talent Red Grant, un tueur cynique et froid, aux ordres de Rosa Klebb (la numéro 2 du SPECTRE, jouée par une formidable Lotte Lenya) . Le tournage connut un moment difficile quand l'équipe apprit le cancer de Pedro Armendariz (Kerim Bey, le contact de Bond). Il fallut tourner en urgence les dernières scènes où il devait apparaître, avant qu'il ne rentre à l'hôpital où il allait se suicider.

Tout le monde s'accorde pour considérer "Bons Baisers de Russie" comme un des meilleurs de la série, avec quelques scènes cultes comme le combat dans un compartiment de l'Orient Express, certains le considérant même comme le plus abouti, car ne cédant pas à la facilité du tout spectaculaire. D'autres regrettent justement un relatif manque de moyens par rapport aux films suivants, non compensé par l'effet de surprise heureux qu'avait eu "Dr No".

 
Bons baisers de Russie - Edition spéciale